Le Nouvelliste, 19.11.13

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L’électronique durable est possible

ENVIRONNEMENT Les Verts s attaquent au gaspillage dans le domaine des ordinateurs portables et autres smartphones Pour y parvenir ils ne ménagent pas leurs efforts au Parlement.

François Nussbaum

On parle aujourd hui d'”obsolescence programmée” à propos des appareils électroniques qui
seraient volontairement conçus pour ne pas durer. Les Verts ne tranchent pas mais cette tendance est “en tout cas accélérée”, ont ils dénoncé, hier, en conférence de presse. Ils ont décidé de s’attaquer au problème, “surtout que des solutions existent”.

On change en moyenne de téléphone mobile tous les 18 mois et d’ordinateur portable tous les trois ou quatre ans. Les ventes de smartphones et de tablettes explosent. “Si l’industrie des technologies de l’information concentre ses efforts sur l’efficacité énergétique des appareils, elle a tendance à négliger leur impact écologique sur l’ensemble de leur cycle de vie”, indique Adèle Thorens, conseillère nationale vaudoise et coprésidente des Verts. “Or, c’est la phase de fabrication qui à cet égard pèse le plus lourd”.
Pour produire un ordinateur, il faut l’équivalent de 900 kg d’agent énergétique fossile et 1500 litres d’eau. C’est également cette phase qui génère 85% des émissions de CO2 (15 tonnes au total).

Pas une fatalité

Ensuite, dans la phase d’utilisation des appareils, ce sont les gigantesques centres de données (abritant un grand nombre serveurs) qui représentent le problème majeur, estime Adèle Thorens: 2% de la consommation mondiale d’énergie, en croissance de 10% par an. Enfin l’élimination des appareils en fin de (courte) vie montre à quel point un recyclage anticipé pourrait être profitable à tous égards.

Une fatalité, due à une logique économique où l’écologie et la durabilité n’ont pas de place? Les Verts se veulent réalistes, mais pas défaitistes. La technologie informatique verte (Green IT) a un avenir et des adhérents: “des entrepreneurs pionniers développent des produits plus écologiques et plus équitables”. La députée vaudoise cite l’exemple de Fairphone, un déléphone développé à Amsterdam avec de l’étain et du tantale issus de filières équitables, et conçu pour être réparé et recyclé.

“Je fais le contraire d’Apple”

Réparation et recyclage: là, on touche au concret, note l’ancien conseiller d’Etat vaudois François Marthaler, aujourd’hui directeur d’une entreprise appelée “Why! Open Computing”. “Je fais le contraire d’Apple”, lance-t-il pour illustrer son propos. La grande marque vend des produits indémontables, sauf avec un tournevis non commercialisé, colle une batterie dans un boîtier, bref fait le maximum pour empêcher le remplacement ou la réutilisation.

Lui fait donc l’inverse: son ordinateur “why!” est fait de modules et de pièces assemblées. “On peut tout démonter en dix minutes”, assure-t-il. Et il livre le mode d’emploi. Une épine dans le pied de la logique économique et commerciale des grandes boîtes? “J’entends ça depuis des années! Mais la réparation et le recyclage sont créateurs d’emplois et de chiffre d’affaires: on est parfaitement dans l’économie et le commerce.”

Donc des solutions existent “à portée de main”, conclut Adèle Thorens. C’est le rôle de la politique de les promouvoir et, apparemment, le Conseil fédéral n’est pas insensible à ces questions (lire ci-contre).

UNE INITIATIVE ET SIX INTERVENTIONS

Les Verts ont déposé il y a plus d un an une initiative “Pour une économie verte”. Elle vise la réduction de deux tiers de “l’empreinte écologique” actuelle de la Suisse. Le Conseil fédéral propose un contre projet qui, en consultation, a plutôt mal passé.

Le Conseil fédéral puis le Parlement ont déjà accepté un postulat d’Adèle Thorens, qui demande qu’on étudie “une optimisation de la durée de vie et de l’utilisation des produits”. Il se penchera dans quelques jours (session d’hiver) sur un postulat de Bastien Girod (Verts ZH) soutenu par le Conseil fédéral concernant la “réparation et la réutilisation des appareils électriques et électroniques”.

Les Verts déposeront encore cet hiver deux autres postulats et deux motions pour des ordinateurs et mobiles écologiques et équitables (aussi dans le cadre de commandes publiques) et pour des centres de données moins gourmands en énergie. Une des motions propose que ce ne soit plus au consommateur de prouver qu’un produit électronique est défectueux pour être dédommagé, mais au commerçant- et surtout au fabricant – de certifié la qualité du produit dans la garantie.

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