L’Illustré, 06.11.13

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Le PC selon Marthaler

L’ex-conseiller d’Etat vaudois lance sa boîte d’ordinateurs. Une folie dans ce marché saturé? Non, car ses PC sont différents: ultrasimples, bon marché, solides, réparables, rassurants, tout équipés en logiciels libres. En un mot: durables. Notre test.
Texte: Philippe Clot / Photo: Darrin Vanselow

Un des mots clés de Why! Open Computing SA, la nouvelle entreprise lancée par François Marthaler, c’est Ubuntu. Ubuntu, mot et concept bantou signifiant plus ou moins «je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous», est un système d’exploitation, c’est-à-dire un OS X ou un Windows, mais libre et gratuit, qui tourne sur PC.

Explications de l’ex-conseiller d’Etat vaudois: «La question à laquelle je voulais répondre avec cette entreprise est la suivante: comment s’affranchir de Mac et de Microsoft, et donc de leur politique incitant leurs clients à dépenser beaucoup d’argent? Car si les gens très à l’aise en informatique pouvaient se rabattre sur Linux, les profanes en étaient pratiquement écartés.» Les ordinateurs de Why! sont donc prêts à l’emploi avec tous les logiciels libres les plus utiles déjà installés et tournant sur ce fameux Ubuntu qui rend Linux plutôt joli et surtout très simple. «Je vise deux clientèles opposées mais complémentaires: les fans d’informatique et les 40-60 ans, qui n’ont pas ou plus envie de perdre du temps et de l’argent à se remettre sans cesse à niveau. Or, qu’il s’agisse du système d’exploitation (OS X ou Windows) ou d’une nouvelle version de Word, on nous rend la vie impossible: il faut à chaque fois réapprendre à les utiliser, à retrouver des fonctions qui sont déplacées dans un autre menu. Mes ordinateurs sont à cet égard rassurants. On peut les maintenir dans la même configuration longtemps grâce à la version d’Ubuntu préinstallée, une version conçue tout exprès pour rester la même durant quatre ans sans problème.»

L’épreuve du test

Passons des promesses à la réalité. Green est donc devenu client de Marthaler en achetant son modèle portable à 649 francs. Première impression: le boîtier est monacal et le clavier spartiate, comme il se doit pour de l’informatique durable. La mise en route est ultra-simple. Deux ou trois fenêtres de paramétrage, notamment pour lancer la connexion wi-fi, suffisent. Nous voici déjà dans ce fameux Ubuntu. Le lanceur d’applications vertical, à gauche, empile les icônes des logiciels les plus importants parmi la quarantaine déjà installés.

Un ordi «reposant»

Pour 649 francs et pas un centime de plus, l’acquéreur de ce notebook devrait être bel et bien paré de très longues années pour
un usage utile, «intelligent» et bon marché de l’informatique, notamment grâce à la suite bureautique LibreOffice. Ecrire un texte, naviguer sur le web, recevoir, envoyer et gérer ses mails, collecter, trier et traiter des photographies… Tout est possible,
avec le confort accru de la simplicité. Ce dépouillement est en effet reposant. Car perdre des minutes, des heures, tous les six
mois, devant une interface chamboulée, truffée de fonctions cosmétiques, c’est lassant. Or là, on s’approprie l’ordinateur comme s’il s’agissait d’un nouveau robot de cuisine. Bien sûr, les inconditionnels de la dictature du design aseptisé (Apple) où la moindre icône est soignée jusqu’à son dernier pixel seront sans doute refroidis par la joviale laideur de certaines icônes. Quant aux
consommateurs acharnés de programmes inutiles (PC-Microsoft), ils seront perplexes devant l’offre austère du centre de
téléchargement Ubuntu. Et on n’évite pas un ou deux petits couacs passagers, rançon classique de toute informatique: les vidéos en flash, par exemple, ne tournaient pas sur les navigateurs Firefox et Chromium pour Ubuntu, du moins tels qu’ils étaient configurés sur la machine. Dans un premier temps, nous avons donc installé une version Ubuntu de Chrome et tant pis si Chrome, même dans sa version Linux, est un programme propriétaire et inquisiteur, donc loin de l’idéal open source.

Il y aura d’autres désagréments passagers de ce type dans cet univers où la collaboration planétaire remplace la concentration du savoir industriel. Mais c’est aussi le cas dans les univers commerciaux d’Apple et de Microsoft. On surmontera ces soucis grâce à la communauté swisslinux.org et avec la documentation Ubuntu (http://doc.ubuntu-fr.org). Et ce notebook sera, répétons-le, réparable avec un bête tournevis en croix et avec l’aide de la documentation en ligne sur www.ifixit.com. La planète appréciera: elle en a en effet marre de servir de décharge informatique.

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